J'ai vu récemment des affiches de pub pour des plats cuisinés assurant l'acheteur potentiel du soucis que le fabricant industriel a pour sa santé : les plats en questions ne sont pas trop gras, et cachez cet excès de sel que je ne saurais voir. Est-ce que les recettes ont vraiment changé, je ne peux d'autant moins le dire que je ne consomme pas ces produits. Ce qui est certain c'est que la préoccupation des consommateurs pour la qualité de leur nutrition s'est accrue à mesure qu'on leur promet hypertension, obésité, cancer, perte de l'être aimé, s'ils osent se permettre des excès de « truc » (remplacer « truc » par la combinaison de « sucre », « sel » ou « graisse » suivant la mode) ou qu'ils mangent des aliments déviant de l'orthodoxie du moment. Alors on leur promet de ne pas mettre trop de « truc » dans ce qu'on leur vend. Ça ne coûte pas cher et puis la notion d'« éthique » publicitaire est telle que cela n'engage strictement à rien.
Du point de vue de la technique publicitaire c'est pas mal, mais il leur reste beaucoup à apprendre des maîtres du domaine, à savoir Coca-Cola. Les affiches publicitaires pour la dernière mouture de la boisson (« Coca-Cola Zero » : prenez le coca light et changez son nom, et vous avez créé un nouveau besoin stupide chez le client sans—presque— lever le petit doigt) sont ponctuées d'admonestations gentiment paternelles, les voici (elles commencent toutes par « Pour votre santé » que j'ai omis ici) :
- Évitez de grignoter entre les repas
- Mangez au moins cinq fruits et légumes par jour
- Pratiquez une activité physique régulière
- Évitez de manger trop gras trop sucré trop salé
Je dis bravo. L'ironie du sort veut que j'ai justement fini de lire le Monde Diplomatique de mars 2005 (petit apparté : ce qui est bien avec une grande partie des articles du diplo c'est qu'en plus de fournir une information actuelle ils proposent une analyse qu'il est encore intéressant—voire plus— de lire avec du recul. L'importance de l'« actualité » est largement surestimée dans la plupart des sources d'information. Retour à nos moutons) dans lequel se trouve un article dénonçant l'appropriation illicite, bref le vol, des ressources naturelles en eau par les usines de Coca-Cola (ils ne sont pas les seuls, cela concerne les fabricants de boissons gazeuses en général) en Inde. Non contente de priver d'eau les habitants, de polluer terres et cours d'eau, l'usine produit du coca vendu localement qui contient des traces de pesticides. Mais c'est dans la limite des doses légales, donc tout va bien, et puis dans l'esprit du décideur pressé de chez Coca l'Inde c'est presque le tiers-monde, c'est pas comme si cela se produisait « chez nous » (aux États-Unis le coca ne contient aucune trace de pesticide).
Quand je lis ces slogans je me dis donc que décidément la meilleure défense c'est l'attaque. À mon goût il manque deux conseils importants, je suggère « Pour votre santé ne buvez pas Coca-Cola » ou encore « Si vous avez soif buvez de l'eau ». Mais j'imagine que cela serait contre-productif, on veut bien jouer au coach santé du client mais il y a des tabous à ne pas transgresser. Zéro. Coca-Cola. Il y a de l'idée dans ce nouveau nom de produit, qui pourrait bien devenir un slogan à part entière.
Il me semble bien avoir lu quelque part que le zéro était plutôt à destination des hommes, parce que de toute façon les femmes sont accro' au light. De toute façon, côté goût, on ne peut pas dire que ça est convaincu les gens qui y ont goûté (moi compris). Et j'avoue ne pas avoir regardé l'étiquette d'assez prêt pour avoir envie de me faire peur avec le nom de la saloperie qu'ils ont pu utiliser pour remplacer le sucre et l'aspartame.
Où l'on apprend aussi en discutant avec des étrangers que le Acoc-Aloc (Eviv Bulgroz !) n'a pas le même goût dans d'autres pays : les calories indiquées ne semblent pas les mêmes, un examen détaillé des ingrédients révèlerait des variations intéressantes.
Il me semble cependant que les remarques ajoutées aux publicités correspondent à une loi édictée il y a peu qui oblige les annonceurs à encourager l'atrophié du cerveau à faire attention à ne pas manger n'importe quoi. Ainsi la publicité Acoc-Aloc (Esod mumixam !) qui met un encart, d'autres qui sont suivies par un écran complet qui reprend le même message.
Le Zero est fabriqué selon la même recette que le coca de base, alors que le light avait une recette différente. À ce qu'il parait. De toutes façons, je m'en fous, je ne bois presque jamais de soda, et quand j'en bois, je bois du Pepsi.
Buvez du thé.
Oui le thé c'est le Bien®.
J'avais lu quelque part que le Acoc-Aloc américain était plus sucré que l'Européen (mais ça ne m'avait pas frappé. Le goût d'eau de Javel de celui servi au bar à la pompe, par contre, était absolument immonde). Selon les pays, les additifs sont indiqués par leur nom ou par leur code E (différence remarquée entre la France et l'Allemagne).
Samuel le dit plus haut. Alors même si il y a beaucoup à dire sur les crimes des industriels de l'agro alimentaire, ne les accusons pas de cynisme, pas cette fois, et soyons assez gentils pour apprécier, remercier et soutenir les campagnes du ministère de la santé . Savoir se nourrir n'est pas inné, contrairement à ce que sous-entend Samuel, et même si bien manger relève du bon sens pour beaucoup, cela necessite de l'éducation et de la prévention.
"Un décret (décret n° 2007-263) et un arrêté ont été publiés ce matin, 28 février, concernant l'obligation de messages de prévention sur les publicités de produits alimentaires.
Ces textes, d'application immédiate, obligent désormais la mention d'un message sanitaire visant à lutter contre l'obésité sur tous les supports publicitaires (spot télévisé, radio, presse, affiche) de certains types d'aliments. Les messages sanitaires retenus selon les catégories d'aliments sont :
Des aménagements de ces messages sont prévus pour les publicités s'adressant aux enfants (programmes jeunesse, presse) afin de les rendre plus explicites. L'utilisation de ces messages est bien encadrée : alternance du type de message sur la campagne publicitaire, lisibilité du message (encart d'au moins 7% de l'espace consacré à la publicité). Si possible, ce message est complété par la mention du site internet : www.mangerbouger.fr.
L'intégralité de ces textes sont consultables sur le site www.legifrance.gouv.fr"
C'est donc au législateur que nous devons cette juxtaposition surréelle de messages publicitaires et de recommandations sur l'alimentation et la santé. Encore un grand pas de franchi.
On nage en pleine schizophrenie. Avec une belle pub qui montre du nutella ou des céréales au chocolat (ou même un burger dégoulinant de fromage et de bacon) tout en disant "attention, faut manger des fruits et des légumes hein, pas de graisse ni de sucre ni de sel". Ca me rappelle quand catbert propose au choix un dépistage gratuit de cholesterol ou en même temps un buffet gratuit de sandwichs fromage-bacon. C'est à vous de choisir.
Je suis pas vraiment sur d'avoir envie qu'un groupe de gens soit créé avec comme boulot de choisir (pour mon bien) ce que je mange chaque jour (sauf si j'ai le droit de diriger le groupe).
Ça me rappelle un article du journal Le Monde (qui doit être passé dans les archives accessibles seulement aux abonnés maintenant) qui indiquaient que ces messages semblaient contre-productifs. Les consommateurs sont des veaux perdus.
(Hors-sujet) florimond: si tu veux garder sous le coude un article du Monde, garde l'URL de la version printer friendly, celle-là est toujours accessible, de mémoire et s'ils n'ont pas corrigé le "bug"
Buvez Coca et votre ventre grossira!