Sécurité maitre mot.
Ce matin je me suis passé de l'eau chaude sur le visage (bien chaude, j'ai tendance à penser que tant qu'on reste en dessous du seuil de douleur plus c'est chaud plus c'est bon), j'ai secoué énergiquement le récipient, déposé une dose généreuse de mousse sur le bout des doigts par l'application d'une pression sur le dessus du récipient, puis j'ai tartiné mon visage de la-dite mousse. Ma peau était alors prête «pour un rasage haute sécurité».
Et là, le doutage. Bordel de chiotte qu'est-ce qu'ils peuvent bien entendre par là, ces cons? Contre quoi suis-je protégé? Est-ce qu'il est judicieux de prévenir le conseil de sécurité de l'ONU? Je ne voudrais pas que mon immeuble soit la risée du prochain rapport sur la possession des armes de destruction massive simplement parce que j'aurais oublié de signaler ma possession d'une mousse à raser qui permet à son détenteur un «rasage haute sécurité».
Mais je pense que j'ai mauvais esprit. Je ferais mieux de me réjouir de disposer d'une si bonne mousse à raser. Quand on pense que Big Brother considère que le risque de menace — non sérieusement, menace threat qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire? Après ça sera Risk of possible threat of a menace et le jour où on aura tous le cerveau liquéfié on ne saura pas dire exactement pourquoi — le risque de menace donc, est "élevé", on se dit qu'on ne va pas se plaindre d'être protégé par sa mousse à raser.
Protégé de quoi? Question difficile. Si l'on exclue les phénomènes paranormaux et autres non sequitur — je ne suis rasé ce matin et un bus ne m'a pas roulé dessus ! — il faut bien voir qu'avec un rasoir dont les lames, au nombre de trois certes, sont précautionneusement rangées derrière des grilles, les risques de blessures non volontaires sont minces. Peut-être que le public ciblé est plus celui des émirs arabes qui se font raser par un esclave qui pourrait avoir des envie de blessures volontaires. Mais il est bien attrapé, car l'émir est protégé par la mousse.
J'attends avec impatience la mousse qui me garantira un rasage «sécurité extrême» parce que lorsque le niveau de parano globale sera "alerte rouge", il faudra bien que ma mousse à raser s'adapte aux périls qui me guettent dans ma salle de bain.
Mon après-rasage par contre me propose tout au plus une «protection en douceur». Ça semble bien modéré certes, mais je me dis que c'est déjà plus en conformité avec les traités de non-proliférations des armes nucléaires.