Voter, c'est surfait
Aujourd’hui j’ai découvert un pays où l’administration n’est pas capable d’organiser ses procédures de vote pour assurer à chacun de ses citoyens l’accès à ce droit fondamental pour une démocratie.
Je savais, conceptuellement, d’un point de vue abstrait, que ce genre de pays existent. Le genre de pays où on envoie des observateurs de l’ONU, dont les noms évoquent des images de corruption et de guerres civiles, bref des pays qui ne tournent pas bien rond.
Ce que je ne savais pas, c’est que ce pays pouvait aussi être la France. Je viens de recevoir un accusé de non réception de mon bulletin de vote.
Je parle des élections législatives, et si vous lisez ceci depuis la France et à l’heure où j’écris, pas la peine de paniquer; vous voterez dans un peu plus d’une semaine, le 11 juin 2017, pour le premier tour.
Pour des raisons, probablement bonnes (mais j’en doute), les Français de l’étrangers votent une semaine avant la métropole.
Pour des raisons, probablement mauvaises (et je ne vois pas comment elles pourraient ne pas l’être), les Français d’Amérique du Nord votent 8 jours avant tout le monde, soit le 3 juin.
Enfin, pour des raisons qui restent douteuses, les bulletins de vote par correspondance doivent… devaient… auraient dû arriver avant 18h local ce jeudi premier juin.
Je devais donc faire parvenir mon vote plus de 10 jours avant que les Français de métropole se déplacent de 100 mètres à tout casser pour voter dans leur mairie ou bureau de vote de quartier.
Et ce qui devait arriver, arriva. L’administration m’a fait parvenir mon matériel de vote ce mardi. Il me restait donc un confortable délai de 2 jours pour envoyer mon vote. Ce qui techniquement ne laisse aucun droit à l’erreur vis-à-vis du service postal local. On espère que tout se passera au mieux. Dans mon métier, on dit que l’espoir n’est pas une stratégie. Et toujours dans mon métier, quand on foire comme l’administration l’a fait pour les votes des Français de l’étranger, on publie un postmortem. J’espère que j’aurai quelque chose de croustillant à lire, mais quelque part, j’en doute.
Mais il me reste un espoir. L’administration me rassure. Je « conserve la possibilité de voter à l’urne ». Oui, je conserve la possibilité de passer plus de 4h en voiture (sans pause, aller simple) pour faire les 400km qui me séparent de mon bureau de vote samedi prochain. Ce coût ridiculement élevé pour que j’aille voter, je l’ai déjà payé pour le second tour des élections présidentielles. Apparemment notre pays n’est pas capable d’assurer un vote par internet qui donne satisfaction sur sa sécurité. Je reconnais que c’est un problème difficile, mais là aussi, je soupçonne qu’on ne s’en donne pas vraiment les moyens.
En plus, je ne vois vraiment pas de quoi je me plains. Certains ont eu une enveloppe contenant les professions de foi des candidats sans le matériel de vote. Moi au moins j’avais une chance au grattage.
Et le second tour? Je ne sais pas. À vrai dire, cela m’en touche déjà une sans faire bouger l’autre. Si tout va bien dans deux ans je retrouverai un droit de vote.
Edit du 20170615
Je viens de recevoir mon matériel de vote pour le second tour dans ma boîte aux lettres. Pour que mon vote soit pris en compte, il doit arriver ce jour même à Washington, DC. Du joli travail.