Des pouces et des pieds.

Posted on May 23, 2006

Les systèmes d'unités impériales sont une source d'émerveillement et de bonheur sans limite. Des définitions subtilement variables de l'ounce et du gallon, unités de volume définies en terme de pouce qui se trouve lui-même défini comme l'écart entre la narine gauche et le grain de beauté près du nombril de ce bon roi Henri I lorsqu'il se tourne de profil vers la droite. À moins qu'on définisse ainsi dix-sept quarante-deuxièmes de parties du yard, je confonds toujours un peu. On comprendra qu'un tel système emporte d'entrée l'enthousiasme du physicien, et même de tout scientifique.

À ce compte là on pouvait aussi bien définir l'ounce directement en terme du volume canonique du mollard standard de référence craché par Richard lorsqu'il a une petite grippe (sous une pression P0 dont on raconte qu'il s'agit de la pression habituelle sur les côtes de Bretagne juste avant qu'il ne pleuve).

Ou encore en terme d'autres... fluides... tout aussi... intéressants. Je vous laisse compléter. Bref, les unités impériales, moi j'aime. Mais parfois c'est décevant.

Prenons la vergence par exemple, mesure de la puissance optique d'une lentille qui se calcule en dioptries, ou m-1. Au passage, avoir défini la dioptrie quand on a le mètre, et le Hertz quand on a la seconde, moi j'appelle ça de la pollution de notations. Mais passons. La dioptrie donc est hélas aussi connue de nos amis anglais, à en croire wikipedia. C'est bien dommage, j'espérais une unité impériale bien folklorique.

Pour combler cette lacune, je propose de voir la mesure de correction des verres comme un « facteur d'évitement », et de le mesurer en pouces. Le principe est simple. On lâche un myope dans la forêt, et on mesure le diamètre des arbres les plus gros dans lesquelles il se cogne. Disons, 17 centimètres (pardon, je suis incorrigible, je voulais dire 6.69 pouces). On dira alors que les verres qui permettent à ce myope de voir correctement ont un facteur d'évitement de 0.18 yards. Je vois déjà les esprits chagrins relever les problèmes de cette définition. En voici quelques uns:

Et si la vision n'est pas la même à chaque oeil ?

Il n'y a qu'à occulter une oeil avec un bandeau. Puisqu'on y perd en vision 3D, la possibilité de se bouffer les arbres croît, on parlera alors de facteur d'évitement propre lorsqu'il est mesuré sur deux yeux homogènes, et d'impropre si la mesure est effectuée sur un oeil.

Une mesure qui dépend des individus, c'est pas un peu moisi ?

Faîtes une moyenne de plusieurs expériences.

Et s'il y a du brouillard ?

Bonne remarque ! On parlera alors de facteur d'évitement clair ou trouble.

Et la pluie ?

Bonne remarque ! On parlera alors de facteur d'évitement sec ou humide.

Certaines couleurs d'arbre se voient mieux que d'autres.

On parlera alors de facteur d'évitement monochromatique (brun foncé, marron mousseux tirant sur le vert...) ou polychromatique. Dans le doute, multiplier les expériences pour affiner la mesure.

Il y avait cette crotte de chevreuil qui m'a fait glisser et je me suis mangé un arbre large comme un bus dans la face, alors que ma vision est excellente !

On parlera de facteur d'évitement libre ou avec contraintes. Dans tous les cas, n'hésitez pas à refaire la mesure pour déterminer avec précision le facteur d'évitement impropre polychromatique avec contrainte trouble humide de vos verres (qui doivent maintenant être en miettes).

J'ai fait pleins d'expériences et à force de me gauffrer dans des arbres j'ai le nez enflé comme un melon et j'ai perdu quelques dents.

Excellent ! Il est tout à fait envisageable de pondérer le facteur d'évitement, en parlant notamment de facteur d'évitement à 2 canines et une pré-molaire. N'hésitez pas à refaire d'autres mesures. Ou pas.

On se retrouve avec cinquante définitions contradictoires pour le fameux facteur d'évitement, c'est pas un peu gênant ?

Dans le cadre d'une unité du système impérial, c'est un atout, pas une faiblesse.

On voit mal le lien avec la dioptrie. Le passage d'une unité à l'autre est sans doute non linéaire, voire complètement fumé.

Encore une fois, dans le système impérial c'est un atout plus qu'une faiblesse.

Voilà, j'espère vous avoir convaincu des bienfaits des systèmes de mesures impériaux.